Kadrouka

Kadrouka dans le ouadi el-Khowi : nécropoles néolithiques 1986-2000

Sous la direction de Jacques Reinold.

Equipe : Yves Lecointe, Jean Bialais, Gilles Zarkfaoui.

Le ouadi el-Khowi, qui correspond à d’anciens bras ou cours du Nil, se situe en rive est du fleuve, au sud de la troisième cataracte. Il est occupé par une grande densité de sites funéraires et d’habitats parmi lesquels ceux du Néolithique tiennent une place importante. L’érosion éolienne a considérablement abrasé les sites d’habitat qui ne se signalent plus aujourd’hui que par des épandages de matériel en surface. Les cimetières, en revanche, parce qu’installés sur des buttes, ont bien résisté et leur fouille est aujourd’hui le moyen privilégié pour comprendre les sociétés habitant la région entre les VIe et IVe millénaires.

Les interventions de sauvetages menées par la SFDAS — la région est en effet depuis plusieurs années très concernée par les programmes de développement agricole — ont identifié une cinquantaine de ces sites néolithiques, funéraires ou d’habitat. Sur la vingtaine de cimetières connus, six ont été fouillés exhaustivement ou partiellement par la SFDAS. À l’exception de deux tertres funéraires qui doivent dépasser le millier de tombes, les autres renferment un peu plus d’une centaine d’inhumations. Près de 700 sépultures, dont les dates sont approximativement incluses entre 4 800 et 4 000 avant notre ère, ont pu être enregistrées. Les constantes et les variantes observées dans le domaine de la culture matérielle et des coutumes funéraires paraissent traduire à la fois l’homogénéité de ces populations et une évolution rapide de leur tissu social. Ces cimetières témoignent d’une organisation où la hiérarchisation se fait de plus en plus forte. Au cours du Néolithique, des chefferies se mettent en place avec l’émergence d’un personnage dominant. Ces sociétés vont constituer les bases des premiers états protohistoriques, préludant ainsi à l’apparition des premiers royaumes.

Éléments de bibliographie

J. Reinold, « El Neolitico en Sudan », in Nubia, Los reinos del Nilo en Sudan, catalogue de l’exposition à Barcelone et Madrid, Fundacion « La Caixa », 2003, p. 28-34 .

J. Reinold, Archéologie au Soudan. Les civilisations de la Nubie, Éditions Errance, Paris, 2000.

J. Reinold, « Le Néolithique de Haute Nubie. Traditions funéraires et dtructures sociales », Bulletin de la Société française d’égyptologie n° 143, Paris, 1998, p. 19-40.

J. Reinold, « El-Kadada et Kadruka », dans Nubie. Les cultures antiques du Soudan (B. Gratien et F. Le Saout éd.), Lille, 1994, p. 51-66 et 70-86.

J. Reinold, « Néolithique soudanais : les coutumes funéraires », dans Egypt and Africa. Nubia from Prehistory to Islam (W.V. Davies éd.), Londres, 1991, p. 16-29.

Figurine féminine. Grès nubien.
Haut. 19,6 cm, lar. 5,8 cm, ép. 4,2 cm.
Kadruka. Néolithique (première moitié du Ve millénaire avant notre ère).
© J. Reinold et alii, Archéologie au Soudan, éditions Errance, Paris 2000.